Accueil/Actualités et annonces/ Désignation légale de la meunerie artisanale
Le Conseil québécois du patrimoine vivant (CQPV) se réjouit de la désignation légale de la meunerie artisanale au titre du patrimoine immatériel du Québec (pratiques culturelles traditionnelles), annoncée par la ministre de la Culture et des Communications, Madame Nathalie Roy, par voie de communiqué le 24 juin dernier.
« La meunerie artisanale est une pratique traditionnelle au Québec, aujourd’hui tributaire de seulement quelques personnes qui la perpétuent. Afin de favoriser sa reconnaissance et sa mise en valeur, je suis contente de procéder à sa désignation en tant qu’élément du patrimoine immatériel du Québec. La meunerie artisanale a permis de nourrir la population de notre territoire au fil des siècles et, grâce à celles et ceux qui portent cette tradition rare et fragile, elle continuera d’être une source de fierté collective. » (source Ministère de la Culture et des Communications)
La demande pour procéder à l’octroi d’un tel statut officiel avait été déposée il y a plus de sept ans par la Corporation du moulin Légaré, avec le soutien d’autres moulins à farine ancestraux, de l’Association des moulins du Québec et du CQPV.
« L’annonce de la ministre aurait toutefois pu être davantage dirigée vers les mesures de sauvegarde qui seront mises en œuvre, soutient Antoine Gauthier, directeur général du CQPV, puisqu’il s’agit de l’objectif principal du mécanisme. D’autant plus que certaines mesures sont déjà financées par Québec, telle qu’une formation pour les apprentis meuniers en cours de montage au CQPV. La désignation ne doit pas être un acte symbolique à portée médiatique forcément restreinte, ni être axée sur l’histoire, rappelle M. Gauthier, mais bien un catalyseur vers des projets de développement nationaux structurants, dans la logique de l’UNESCO. »
Le CQPV espère que la désignation marquera le début d’une collaboration interministérielle entre les moulins, le ministère de la Culture, le MAPAQ, Emploi-Québec, la Régie du bâtiment et d’autres instances publiques qui régissent le travail des meuniers ou des gestionnaires de moulin, afin de trouver des solutions concrètes aux défis du secteur, notamment celui de la relève. « Il s’agit d’une opportunité intéressante pour asseoir différents acteurs à la même table », renchérit M. Gauthier.
Ce type de concertation transversale a globalement fait défaut jusqu’à présent entre les représentants des pratiques culturelles légalement désignées et les parties prenantes gouvernementales concernées. Dix ans après l’entrée en vigueur de la Loi sur le patrimoine culturel et cinq ans après celle du Plan d’action gouvernemental en culture, une vision claire de développement sectoriel reste à élaborer dans la foulée de ces statuts. Une stratégie gouvernementale propre au patrimoine immatériel se fait aussi toujours attendre (voir à ce sujet le document Tout le patrimoine!). Le CQPV demeure disponible à collaborer dans ce dossier.
À la suite d’une consultation des acteurs du milieu des moulins à farine, une proposition de plan d’action en meunerie sera dévoilée prochainement, à déployer dans les prochaines années. « Cette désignation légale doit contribuer à faire en sorte que la pratique puisse perdurer et ainsi assurer la sauvegarde de ce patrimoine. La suite est primordiale », affirme Caroline Perron, gestionnaire des Moulins de l’Île-aux-Coudres et membre du conseil d’administration du CQPV.
Le travail des artisans meuniers est important pour le Québec : il favorise l’économie, le tourisme, la culture, la santé (farine de meilleure qualité, sans additif et souvent bio), la revitalisation et le maintien de bâtiments anciens. Il constitue un exemple de production agroalimentaire locale qui utilise l’eau ou le vent comme sources d’énergie principales, utile pour l’avenir. Il représente une alternative à la production industrielle de masse.
Pour en savoir plus, consultez le rapport du CQPV sur La meunerie dans la collection « Les traditions culturelles du Québec en chiffres ».
Consultez également la programmation des Journées des moulins qui se tiendront du 1er au 3 juillet 2022.
Nous souhaitons remercier le ministère de la Culture et des Communications et la Commission des partenaires du marché du travail pour leur soutien financier (2021) à la réalisation de formations professionnelles en lien avec la meunerie, ainsi qu’à la préparation d’une proposition de plan d’action national. Des subventions ponctuelles ont également été octroyées dans les dernières années à certains moulins pour la conservation d’équipements ou la rénovation du bâti.
Les moulins à farine en fonction membres du CQPV sont :
Les moulins de l’Isle-aux-Coudres (Économusée)
Photo d’entête : © Mauricio Garzon, milemot.com